L’Ethique du leader ou comment retirer un avantage compétitif de l’avenir

Les leaders à l’ère de la disruption technologique

Dans notre précédent article nous avons posé la question de savoir si nous aurons encore besoin de leaders à l’horizon 2035 ? La réponse étant positive tout en précisant qu’il s’agira d’un autre type de leaders, une des questions qui se posent c’est de savoir ce qui les rendra plus compétitif sur le marché ? En dehors des soft skills citées habituellement par les RH ces dernières années, il y a une question clé qui est celle de l’éthique. En quoi l’éthique des leaders de demain devra-t-elle s’adapter aux nouvelles conditions de travail des équipes, garantira-t-elle l’usage à bon escient des technologies telles que l’IA, la robotique, les Objets connectés ? Et en quoi le rôle et les fonctions des futurs leaders seront-t-ils impactés par cette éthique ?

éthique du leader

Morale et éthique face à la montée de l’automatisation et de l’IA

Même si elle semble aujourd’hui loin, la crise financière de 2007-2008 était aussi, voire avant tout, une crise morale de nos sociétés, toujours poussée vers une compétitivité sans scrupule pour l’équilibre des marchés. Comment les technologies qui vont impacter les fonctions de leader demain, vont-elles poussé ces derniers à évoluer sans reproduire les excès passés ? En quoi s’intéresser à la morale et à l’éthique des organisations mais aussi des leaders eux-mêmes, aura-t-il un intérêt crucial dans les années à venir ? Ce sont ces questions que nous posons dans cet article.

 

« Former des Hommes à avoir de l’Esprit sans Morale, revient à créer une future menace pour les sociétés. »

 

Théodore Roosevelt.

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L’éthique : facteur de forte différenciation

La morale (ensemble des règles de conduite découlant d’une conception de la morale) et l’éthique professionnelle (la rectitude morale appliquée à une fonction ou une profession), sont équivalentes dans toutes les organisations même après l’arrivée de changements aussi importants que ceux liés aux évolutions technologiques. La différence aujourd’hui est que nous vivons dans un monde devenu transparent ou presque et que le manque de morale et d’éthique d’un leader finit toujours par ruiner les efforts des équipes et des organisations, en provoquant des scandales irréversibles. La morale et l’éthique s’inscrivent donc à l’avenir dans une économie post-numérique, comme des sources de différentiation et des avantages compétitifs réels. Un leader éthique n’agit plus uniquement avec l’obsession de la recherche de profit mais aussi avec une attitude éthique au-delà des revenus. Cela peut sembler naïf, voire impossible mais la génération des Millénials, parmi les futurs cadres dirigeants, entend clairement aujourd’hui choisir ses employeurs en fonction de critères basés à la fois sur la marque employeur, la culture en faveur d’un management libéré, collaboratif, favorisant l’action et de la notion culturelle du « droit à l’erreur ». Ils entendent aussi des engagements de l’employeur à des niveaux éthiques exigeants, en faveur de l’environnement, du climat, du social ou du business. Pour les organisations qui voudront éviter un turn-over rapide des leurs encadrements ou la fuite de talents, y compris pour aller se reconvertir dans d’autres métiers (réf. Notre article sur le Leadership Exodus), la question de la morale et de l’éthique doit être inscrite dans leur ADN, c’est-à-dire leur raison d’être partagée collectivement. Elle doit aussi se refléter dans l’attitude des dirigeants au plus haut niveau. Cette prise de position doit systématiquement s’accompagner de règles de conduites claires et partagées (rappelant les responsabilités des leaders : création d’un climat de confiance, transparence des informations, des règles, des attentes, des moyens d’évaluation, qualité des produits et services fournis aux clients…). L’impact se répercute forcément à tous les niveaux de l’organisation : l’image, la réputation, la qualité des relations, la capacité à retenir des talents, d’attirer des clients loyaux.

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Les règles courantes d’éthique des leaders

Ces règles sont non exhaustives et citées hors contexte. Selon la culture de l’entreprise, son marché, ses produits ou services, elles sont élargies ou focalisées. L’intérêt de les lister ici et d’avoir conscience qu’elles sont universelles, vous aide en tant que leader à les projeter sur la grille des 5 objectifs de vie proposés ci-dessus (dans l’illustration).

Règles courant d’éthique :

  • Diriger par l’exemple. Il est inconcevable de définir des politiques que les employés doivent respecter et ne pas les suivre soi-même.
  • Prendre position pour ce qui est établi comme juste à l’échelle de l’organisation
  • Tenir parole. Être fiable. Respecter ses promesses. Tenir ses délais importants. Être disponible pour les sujets importants.
  • Montrer de l’attachement au principe de bien commun.
  • Rester honnête même sans contrôle.
  • Toujours avoir des actions honorables même lorsqu’elles ne sont pas forcément populaires.
  • Rester loyal en dépit de la tentation et de la pression ou de la contrainte.
  • Ne pas faire de compromis sur les valeurs clés, même lorsque l’on est encouragé à le faire.
  • Prendre des décisions justes.
  • Communiquer honnêtement.
  • Accorder du crédit aux autres mais au bon endroit.
  • Afficher la cohérence de vos paroles et de vos actions ;
  • Traiter les autres avec respect.

Au-delà de ces règles de base, on retrouvera aujourd’hui des engagements plus orientés vers les environnements globaux (par exemple que tous les salariés d’une société internationale, soient traités et payés de la même façon que ceux du Siège), vers des questions d’engagements sociaux (ne pas autoriser le travail des enfants ou l’utilisation de produits toxiques ou nocifs pour l’Homme et l’environnement), vers des pratiques marketing (ne pas harceler des clients par des automatismes ou des programmes déviants) et vers des pratiques de communication (respecter les mêmes règles d’information en faveur de toutes les parties- prenantes).

Mettre toutes ces règles éthiques en perspective avec vos propres motivations professionnelles :

C’est-à-dire d’un côté avec votre raison d’être professionnelle (REP), voire personnelle (ce n’est pas inutile !) et vos 3 à 5 grands objectifs professionnels ou de vie( réf la grille en illustration ci-dessus).

 

« L’agrément de la raison ne suffit pas pour adopter une éthique. Il faut aussi l’adhésion du coeur. « 

 

Zaki Mubärak – Poète égyptien contemporain

Que signifie être un leader éthique de nos jours ?

En janvier 2017, IBM a développé pour son propre compte, un document appelé Principes de transparence et de confiance à l’ère cognitive, qui s’avère utile pour toute organisation engagée dans le développement de technologies comme l’IA. Dans les grandes lignes, ce document stipule que : 1) l’objectif de toute application ou programme qui utilise l’IA, doit avoir pour finalité d’augmenter l’intelligence humaine ; 2) l’organisation doit rester transparente sur l’utilisation des données privées, les méthodes et les analyses utilisées pour développer ses solutions ; 3) le client garde quoi qu’il arrive son propre business model et sa propriété intellectuelle ; 4) la mise en œuvre de l’IA engage également l’entreprise à développer les compétences autour d’elle, que cela concerne des étudiants, des salariés, des administrés ou des administratifs, pour leur permettre de rester performants dans leurs études, leurs fonctions et leurs métiers respectifs. Dans ce document également, les leaders ont été décrits comme « ayant une fonction clé dans la diffusion des valeurs et devant avoir le courage d’agir en faveur de celles-ci, pour le bien commun ».

 

La première étape de l’évolution de l’éthique est un sentiment de solidarité avec les autres êtres humains.

 

Albert Schweitzer – médecin et philosophe

 

Cette éthique renferme clairement des valeurs d’intégrité, de loyauté, de confiance, de considération des autres et de partage des pouvoirs et des responsabilités. Elle se veut être un ensemble de règles morales qui se tournent en tout premier lieu vers les autres – « servir les autres » – et créer un contexte où les employés comprennent clairement qu’il y a toujours des conséquences à faire passer son intérêt personnel en premier. En résumé, le leader du futur est une femme ou un homme comptable de cette éthique et doit prendre le temps de poser ses propres limites et ses propres valeurs pour bien comprendre celles dont il est responsable à titre collectif. Une étude créée par l’Institut for Corporate Productivity, intitulée Création d’une culture de haute performance, suggère fortement que cela commence par une prise de conscience individuelle de chaque leader. Cette culture doit aussi être guidée par les principes suivants : 1) tout commence au plus haut niveau hiérarchique ; 2) chaque leader doit modéliser le comportement qu’il attend de ses équipes ; 3) il doit établir des objectifs et des attentes clairs ;  4) il doit définir les modes de supervision des résultats à chaque étape du processus et les faire connaître clairement à ses équipes ; 5) enfin chaque leader doit accepter un retour à 360° pour rester performant, et être le plus souvent possible dans la disposition d’esprit d’être lui aussi challengé.

 

« Considérer les choses d’un point de vue éthique est une façon de transcender nos préoccupations égocentriques et de nous identifier au point de vue de l’univers, cet espace grandiose qui fait inévitablement naître un sentiment d’humilité chez tous ceux qui lui comparent leur propre nature limitée. »

Auteur inconnu mais j’ai trouvé la citation inspirante !

Si vous désirez aller plus loin sur votre propre éthique👇

Isabelle Cham Conseil

soutient le développement des dirigeants, des équipes et des organisations à travers la prospective, la mobilisation du leadership, la gestion du changement et la communication d’impact. Retrouvez toute l’information sur le site.